dimanche 12 janvier 2014

Ce petit Rien : en attendant le film, l'histoire de l'affiche... (2ième partie)

C’était même ce qui m’avait fait un peu hésiter avant de l’envoyer, cet austère visage… J’espérais juste qu’on ne verrait pas que ça et, surtout, que ça collait avec le ton du film. Mais ne l’ayant pas vu… À ce propos, je me suis souvenu de ce petit clip, ma foi plutôt guilleret, et je me suis dit que c’était certainement extrait du film. Puisque Laure semblait, en parlant de douceur, me confirmer que les affres intérieures n’étaient pas au menu, j’y allai tout de go pour autre chose qui serait plus dépouillé, plus serein.

Ça tombait bien d’ailleurs, en un sens, puisqu’il se trouvait que ma petite tourmente personnelle avait entre-temps trouvé une issue inattendue et qu’un grand calme m’habitait – je me prenais même à rigoler tout seul sans raison apparente (non, non, soyez sans crainte, mon équilibre mental n’était nullement menacé). Ce nouvel état d’esprit attira mon attention sur un très subtil sourire, presque imperceptible, plutôt intérieur en fait, que je perçus clairement sur le visage d’une Blue devenue alors, comme par enchantement, madone contemplative.

Me dégageant encore davantage du souci de reproduire les traits, je m’efforçai ce coup-là d’en extraire ce qui m’apparaissait un peu comme la résultante des luttes intimes évoquées dans la version précédente. Un genre de paisible révélation, souriante épiphanie, satori de fin d’après-midi, appelez ça comme vous voudrez. En tout cas, il fallait que ce soit léger, harmonieux, épuré.

Ce qui donna ceci :



Il est aussi arrivé une autre chose significative à mes yeux en cours d’élaboration de cette nouvelle version. J’avais circonscrit ma surface de travail de façon à respecter (plus ou moins) les proportions de l’image extraite du film. Il y avait donc une petite bande blanche dans le haut (le bas, lui, se perdait dans le blanc, à l’infini) que je m’efforçais de garder relativement vierge, mais sans me soucier non plus outre mesure de déborder à l’occasion (il me suffirait après tout de repasser au blanc ou de recadrer plus tard). Et voilà qu’au moment où je prenais un peu de recul (en sifflotant), je m’avisai que ce qui m’était d’abord apparu comme un léger coup de pinceau échappé en marge, était en fait un piaf venu se poser là pour se joindre en contrepoint à la timide mélodie que j’ébauchais. Faisant écho au titre du film, voilà que se révélait enfin à moi ce petit rien qui, jusque là, m’avait totalement échappé! La petite mélodie intérieure…

J’ajoutai donc cette variante :



Et sans plus attendre, je fis parvenir ces nouvelles propositions à Laure, convaincu que cette fois, le ton y était!

Pour réaliser aussitôt qu’elle était en balade

Bon, y a pas le feu au lac non plus, me dis-je; elle verrait ça au retour. Et, effectivement, aussitôt rentrée, elle ne manqua pas de me répondre qu’elle avait bien reçu le tout et me reviendrait là-dessus dans quelques jours.

Quelques jours qui devinrent une semaine, puis au bout d’une dizaine de jours, force me fut de constater que mes petits essais n’avait manifestement pas suscité chez elle un enthousiasme délirant… Imaginant un éventuel malaise, je lui écrivis pour savoir où elle en était. Finalement, vacances et multiples tâches m’avaient quelque peu éjecté de son esprit, tout simplement. Rien que de très naturel en somme… Sans s’avancer sur mes dernières propositions, Laure estimait finalement utile de m’en dire un peu plus sur sa vision du film, ses attentes à mon endroit, etc. Entre autres choses, elle précisait ce détail (ce petit rien, dirais-je) concernant l’image qu’elle m’avait d’abord envoyée – le seul élément auquel je pouvais me raccrocher en fait, outre l’infinité de choses que je pouvais imaginer à l’idée d’un film de Laure K. consacré à Blue :

Je crois que je ne pouvais pas me détacher de cette image que je t'ai envoyée et pourtant, je souhaitais que toi tu le puisses.

De que quoi? J’y avais collé autant que j’avais pu, ma seule bouée dans cet océan de doutes… et il aurait fallu que je m’en détache? Et que je devine qu’il le fallait??? Osti…

(à suivre)

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup lire ainsi ton cheminement, c'est vraiment passionnant...

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